Berlin-Ouest, ville emmurée, est longtemps restée ouverte à toutes les cultures émergentes, pour le plus grand bonheur du graffiti, qui y acquit ses lettres de noblesse en décorant le Mur. Mais sa chute a sonné la fin d’une ère libertaire, regrettée par les graffeurs Jumbo, Mesia et Stage.
- Le refuge: Le Yaam, l’un des derniers lieux où l’on peut graffer sur le Mur. Une exception menacée par la rénovation de l’East Side Gallery.
Rouge ardent et chrome argenté. C’était la signature berlinoise dans le microcosme du graffiti. Une composition criarde de couleurs vives pour trancher avec la pâleur du paysage, couvé par un ciel bas et laiteux. « Ces tons étaient parfaits, tu les voyais de loin, impossible de les rater dans la rue. Le secret, c’était ce rouge très pigmenté, qui adhérait très bien au mur », raconte Jumbo, qui usa ses premières bombes de peintures à la fin des années 1980.
Ce fameux rouge, le hitzerot, est désormais le symbole d’une époque révolue. Interdit en 1994 pour des raisons de santé publique, il a progressivement disparu avec les derniers vestiges du Mur de la honte. Depuis, la capitale de l’Allemagne réunifiée tente de redevenir une ville normale et considère le graffiti comme un fléau urbain. Lire la suite →